C’est l’histoire de trois mystiques chinois, connus comme « les moines rieurs », car ils ne faisaient que rire, à longueur de journée.

Lorsqu’ils riaient, tout le monde se mettait à rire. C’était contagieux ! La place du marché, qui était généralement un endroit insipide et où les gens ne pensent qu’à l’argent, devenait un lieu de joie et de rire lorsque les trois moines passaient. Tous oubliaient qu’ils étaient venus vendre ou bien acheter. Ils mettaient de côté leur avidité et durant quelques instants, un nouveau monde s’ouvrait.

Les moines rieurs voyagèrent dans toute la Chine, de village en village, de place en place, simplement pour égayer les gens. Des gens tristes, en colère, cupides, jaloux… Tous se mettaient à rire avec eux. Et nombreux sont ceux qui découvrirent la clé : la transformation était possible !

Un jour qu’ils visitaient un nouveau village, l’un des moines mourut. Les villageois se rassemblèrent et dirent : « Nous verrons s’ils peuvent encore rire maintenant… Leur ami est mort, ils vont certainement pleurer… ! ».

Les deux autres moines arrivèrent alors en dansant, en riant, et en célébrant la mort !

Les villageois s’exclamèrent :

– Lorsqu’un homme meurt, c’est un sacrilège de rire et de danser

– Nous avons ri avec lui toute notre vie, répondirent-ils, comment pourrions-nous lui dire un dernier adieu autrement qu’en riant ? Nous devons nous réjouir et célébrer. C’est le seul adieu possible pour un homme qui a ri toute sa vie ! Nous ne considérons pas qu’il soit mort, comment le rire peut-il mourir ? Comment la vie peut-elle mourir ?

Était ensuite venu le temps de la crémation…

– Nous lui donnerons un bain, comme les rites l’exigent, dirent les villageois

– Non, répondirent les moines, notre ami nous a dit de ne faire aucun rituel, de ne pas changer ses habits. Nous devons le mettre tel quel sur le bûcher. Ainsi, nous suivrons ses instructions.

Ainsi fut fait. Et c’est alors que se produisit un grand événement ! Lorsque le corps fut placé sur le brasier, le vieil homme joua son dernier tour : il avait rempli ses vêtements de feux d’artifice !

Soudain, ce fut un véritable festival et tout le village se mit à rire ! Ses deux amis dansaient, et le village entier les accompagnèrent dans leur ronde ! Ce n’était pas une mort, mais une vie nouvelle… 

Comment la Vie pourrait-elle avoir de fin si le Rire est éternel ?!
Célébrons chaque jour joyeusement…

Histoires du Monde – Chine

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